Du 23 février 2002 au 30 mars 2002
sans titre
SUZAN DIONNE, New York
KARILEE FUGLEM, Montréal
Exposition 23 février au 30 mars 2002
Vernissage samedi 23 février à 15h, 2002
Présentation d'artiste Conférence d’artiste: samedi 2 mars à 14h, 2002
La Centrale réunit le travail de Karilee Fuglem et Suzan Dionne, deux artistes traitant de la chair de manières différentes. Cependant, il ne s’agit pas des surfaces épidermiques maquillées, radiantes et lisses qui nous accueillent quotidiennement dans les revues, à la télévision et dans la publicité. L’approche de ces artistes me rappelle la scène d’ouverture du film “Blue Velvet” de David Lynch, où la caméra plonge sous de surface d’une pelouse de banlieue parfaitement soignée en exposant la réalité grouillante qui réside à l’intérieur de l’herbe.
Dans leurs oeuvres respectives, Fuglem et Dionne explorent les mutations et les irrégularités de notre peau qui change constamment. Dionne écrit: “Une des choses que j’ai toujours aimé dans la peinture c’est que, comme moi, une peinture a une peau. Et la peau (les deux sortes) n’est pas infaillible. C’est une surface qui est sensée être sans couture; il s’agit d’une frontière fragile où une chose se termine et une autre commence, et pourtant, cela n’est jamais aussi fiable que l’on aimerait. C’est une surface poreuse, plein de petits trous où il peut y avoir des fuites, autant de l’extérieur que de l’intérieur. Il y a des moments où elle est “interrompue” de façon surprenante par une intention autre que la mienne.”
Pour les deux artistes, le travail commence par une investigation du monde microscopique, mais les images qui en résultent font aussi écho à des phénomènes plus larges. Fuglem décrit cette dualité comme suit: “J’ai commencé, il y a un an, à photographier la peau de mon ventre étirée par l’accouchement. Les images, déconnectées de particularités anatomiques, ressemblent à des traits géographiques et m’ont rappellé initialement le paysage du sud de la Colombie Britannique où j’ai grandi. Ma chair étirée par l’eau, ayant été le foyer d’autres vies et portant le reste de ma propre connexion ombilicale avec un autre ventre, me renvoyait à l’endroit qui était mon chez-moi, où des clivages rodés ont été marqués par le passage de pluies et de rivières. Avec le temps, d’autres topographies me sont venues à l’esprit : les crêtes mouvantes de dunes de sable et de neige amoncelée, l’étendue de la mer, des régions vastes vues de l’espace, ou même la surface de la lune. Je leur donne des noms d’endroits étant similaires à mon prénom dans une tentation ambigüe d’aller au-delà de l’autoabsorption implicite de l’oeuvre.”
Plutôt que de vouloir représenter la nostalgie pour une sorte de globalité parfaite, l’exposition, uncanny, parle d’une reconnaissance humoristique et d’un enlacement du corps conflictuel, ouvert, globuleux, agrandi; du corps sécrétant (et tout ce qu’il englobe) connecté au reste du monde.
Texte de Christine Redfern