Prendre entre les deux ‘Je suis intéressée à notre rapport à la ville, notamment à l’expression de notre individualité dans l’espace public. J’ai débuté ma pratique artistique avec la photographie. Puis l’approche particulière que j’avais développée m’a conduite à me pencher sur les notions de réalité et de fiction, très présentes dans les pratiques artistiques actuelles et m’a incité à considérer la vidéo comme outil supplémentaire en regard de mes préocupations. Ma manière d’aborder la vidéo, que l’on pourrait apparenter d’une certaine façon au documentaire ou au film amateur, me place dans une situation (face à un ou des individus) qui engage une réflexion sur le rapport entre le sujet et l’artiste. Mes prises de vues d’individus dans l’espace public soulèvent un questionnement éthique relié au droit à l’image des lieux photographiés et au droit à l’image de tout citoyen. C’est par l’entremise de ces rapports médiatiques ambigus, entre ma position d’artiste et les interdictions auxquelles je dois faire face, que je questionne les limites des notions du privé et du public.

L’installation Prendre entre les deux présentée à La Centrale est constituée de deux projections vidéos qui ont été réalisées lors d’un séjour à Paris l’automne dernier. À la recherche de lieux liés à la connaissance et à la communication, j’ai déambulé à travers divers espaces silencieux qui semblaient bourdonner de l’intérieur, des lieux où il y avait une concentration de connaissances et d’informations, et où la transmission impalpable se faisait en sourdine. J’ai décidé de filmer à l’intérieur de la bibliothéque publique d’information affiliée au centre Georges Pompidou. Le travail s’est formé à travers deux aspects. Il y a dans un premier temps l’image en tant que telle, générée par mon intérêt pour les situations où un individu interagit avec de l’équipement médiatique dans la sphère publique (ici une jeune femme et deux hommes portant des écouteurs nous tournent le dos et font face à un moniteur de télévision) et dans un deuxième temps ma position derrière la caméra. À travers cette installation, je cherche à instaurer une tension chez le spectateur. Cette tension est provoquée d’une part par un bruit de fond cyclique et d’autre part par la position du spectateur qui se trouve entre deux individus, entre deux projections qui se font face. Le spectateur est positionné à la place de l’artiste (de la caméra), selon un point de vue dominant sur la personne filmée qui nous tourne le dos’.

Myriam Yates

Biographie
Myriam Yates est née à Montréal en 1971. Elle a obtenu un baccalauréat en arts visuels de l’UQÀM en 1996. Intéressée par l’image dans la sphère publique elle a étudié en communication et en design graphique avant d’entreprendre une maîtrise en arts visuels et médiatiques à l’UQÀM. Son travail a été vu dans différentes expositions collectives à Montréal, à la Gallery44 à Toronto, au Musée régional de Rimouski, au centre d’art Plein-sud. Elle revient actuellement d’un séjour de trois mois à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs à Paris où elle a poursuivi ses recherches en vidéo dont le sujet questionne les rapports médiatiques entre l’individu et l’espace social