La galerie est devenue une jungle, un chaos. Un lieu pétrochimique. Un espace intemporel, dangereux, violemment stimulant. Dans ce lieu, que j’appelle forêt, des femmes ont construit un autel; c’est là qu’elles rendent hommage à ce qu’on nommera l’« inaccessible », symbolisé par la pierre.

Un rituel aura lieu la nuit, un vaudou de papier, en quelque sorte. On ne sait pas s’il est noir ou s’il est blanc. Jean Cocteau transpire le surnaturel; ça m’inspire. Il y a dans le carton-pâte toute la magie que les enfants possèdent naturellement. La sérigraphie permet de réaliser des univers éphémères remplis de mystère. De toute façon, le mystère est un souffle fuyant. À travers cette installation, j’ai voulu consolider les aspects de mon identité, la complexité de mon être. Un être avec une démarche spirituelle active, une vie de femme émancipée, contrastant pourtant avec un envers profondément sauvage. Je dois exprimer le « NON » qui m’habite, la colère devant l’obscurantisme de notre époque, la perte de l’instinct naturel et l’engourdissement des sens. Cette installation est en quelque sorte une réaction sauvage et émotive, une colère optimiste. Il s’agit d’un cri de guerre d’enfant. Exprimer d’abord et avant tout la vie à travers l’art, un sentiment d’urgence, un désir primitif de liberté. Manifeste simple de la sérigraphie La sérigraphie, c’est une technique d’impression « cheap », facile et rapide! Je prône une indépendance dans les actions: « Fais-le toi-même »! La sérigraphie n’est pas précieuse! La sérigraphie permet d’imprimer des revendications, des décors de théâtre et du tissu haute-couture! Pour faire de la sérigraphie, il faut être minutieux et travaillant comme une abeille! La sérigraphie, c’est pas pour les bourgeois! C’est pour tous!

Dominique Pétrin, artiste visuelle montréalaise de renommée internationale, s’est fait connaître pour ses performances anti-diplomatiques au sein du groupe de musique Les Georges Leningrad. Pratiquant la sérigraphie depuis une dizaine d’années, elle poursuit sa démarche artistique dans des projets intégrant la pratique de l’hypnose et autres formes d’altération de la conscience. Elle a collaboré avec Sophie Calle, la chorégraphe Lynda Gaudreau, ainsi que Jerusalem in my Heart et poursuit actuellement des études en Sciences Cognitives à l’Université de Montréal. Son travail s’inspire de l’«outsider art», des méthodes surréalistes et du cinéma Bollywood.

Je remercie chaleureusement tous mes collaborateurs qui ont manifesté un enthousiasme inespéré dès les tous débuts de ce projet : Géraldine Bureau, Radwan Moumneh, les danseuses de papier et les musiciens. Ainsi que Georges Rebboh, Louis Boutin et Roxanne Arsenault pour leur support général.

La Centrale remercie Viva! Art Action et les Brasseurs RJ.