À Mexico, à mesure que s'agrandit l'écart entre ceux qui contrôlent le pouvoir, la richesse et la (haute) culture et ceux à qui l'accès en est interdit, la culture populaire se fait de plus en plus sophistiquée et transgressive. Mysticisme infesté de rock'n'roll, de sensationnalisme et de propagande politique, sexe et violence noyés dans les paillettes, les peintures fluorescentes et les néons, l'imagerie qu'on y retrouve est abondante, étonnante, complexe et rebelle. Les icônes de ce monde fétichiste, dont les sources sont aussi diverses que la mythologie hindoue, le vaudou, les fims d'horreur, les religions catholique et préhispaniques, défient les tabous sexuels, repoussent les limites raciales et économiques. Elle s'effectue sous le signe de la rébellion: insubordination politique et esthétique face à la globalisation culturelle, résistance à l'uniformisation idéologique, confrontation.

Le travail de Fabienne Lasserre est influencé par ces éléments de la "basse culture", de la culture populaire en général, mexicaine en particulier. Son installation Dragons et dragonnes comprend une série de peintures sur papier, deux projections vidéos, une murale et des installations de vieux téléviseurs. L'anarchie et la profusion dans la création d'images rappellent l'exubérance et les contrastes des mythes païens. Comme dans un laboratoire d'alchimie, les substances vulgaires sont transformées en objets de valeur et la censure, le bon goût et l'histoire perdent leur poids.