Aude Moreau puise dans la structure interne du mythe les sujets que sont la salle du Minotaure, le labyrinthe, le fil et la pelote. Dans l'intervention, Le fil d'Ariane, l'artiste revisite leurs champs sémantiques en mettant l'accent sur le temps, le geste et la pensée.

Pendant les trois premières semaines, Aude Moreau intervient de façon systématique dans l'espace de l'exposition. Dans une salle vide, elle enlève successivement les nombreuses couches de peinture rouge dont les murs et le sol ont été recouverts. Des traces labyrinthiques se dessinent en même temps qu'un "fil" de latex apparaît et qu'une pelote se façonne. L'espace "déroulé" devient enroulé sur lui-même. Ces traces, provenant d'une action répétitive, contiennent tout un flot d'associations et de pensées continues de l'artiste. Elles deviennent un témoignage d'un trajet dans un labyrinthe, à la fois extérieur et intérieur.

Traduction : Janet Logan

Je pense à la salle du Minotaure où des jeunes filles en blanc ont été offertes en gage de paix. Je pense à cet homme qui a bien dû défoncer les entrailles du monstrueux et éclabousser un tant soit peu les murs du labyrinthe; et aussi au petit chaperon rouge, à la robe de steak, à la chair. Je pense au rouge somme toute. (…) Je pense au fil d'Ariane, au cordon ombilical, à ces tricoteuses de chandails trop petits ou trop grands, aux lambeaux de chair, tendons d'Achille et autres. Je pense à la porte d'une automobile rouge qu'une clef négligente et féroce a grafigné sur toute la longueur, à mon rond de poêle rouge qui tatoue le cul de mes casseroles, aux intestins qui, si on les déroule, font plusieurs kilomètres de long, à des trésors de dentelles rouges. (Aude Moreau)