Les peintures récentes de Christine Major représentent la suite de ses préoccupations personnelles et féministes liées à la construction du sujet et à sa représentation. Son oeuvre tient compte de la position ambiguë qu’occupent les femmes dans l’histoire de la peinture - autant comme objet vu que comme sujet parlant.

En partant de motifs, que l’artiste retire du flot d’images qui nous envahit quotidiennement par les médias visuels, elle crée des agencements qui viennent contaminer les significations et qui permettent de nouvelles associations. Son choix n’est cependant pas sans faire écho aux motifs traditionnels de la peinture et pas sans faire référence à l’histoire de celle-ci. Qu’il s’agisse d’images de surface marsienne, de molécules microscopiques flottantes, de gros plans sur le visage d’une speakerine ou qu’il s’agisse de la surface de la toile même, c’est bien au paysage, à la femme, à la notion de territoire et à sa conquête que l’artiste semble vouloir faire allusion.

Au fil des années, l’artiste a développé une manière de faire et un langage singulier. Il n’y a pas de point de vue privilégié duquel les tableaux doivent être regardés. La superposition de différentes images et échelles dans un même tableau invite le spectateur à les découvrir en s’approchant et en s’éloignant. Cette peinture nous offre une expérience à la fois visuelle et physique réunissant une diversité gestuelle caractérisée tantôt par la lenteur et le minuscule, tantôt par des coups de pinceaux rapides, presque futiles. Par sa facture fluide et transparente, la peinture de Major ne cherche à fixer ni image, ni sujet, mais devient vibration, transformation, une peinture en devenir.